Comme le disent les spécialistes, l’inflation est l’ennemi numéro 1 de toute économie. C’est cet ennemi là, à l’origine d’une hausse substantielle des prix, qu'affronte désormais la première puissance économique mondiale.
L'inflation s'est accélérée en effet à son rythme le plus rapide depuis 1982 en novembre, poussée par une forte reprise économique qui a submergé les chaînes d'approvisionnement en difficulté.
La flambée des prix, qui touche plusieurs produits essentiels, affecte aujourd’hui des millions de ménages américains, selon un sondage de Gallup qui révèle que 45% des familles font face à des difficultés financières sévères ou modérées à cause de l’inflation qui s’est établie à 6,2% en octobre, son plus fort depuis trois décennies.
Qualifiée de "transitoire" par le chef de la Réserve fédérale américaine Jerome Powell, cette tendance inflationniste n’a pourtant montré aucun signe de fléchissement et risque, selon des économistes à New York, de persister jusqu’en 2022, compliquant ainsi la situation pour les familles à faible et moyen revenu, à l’approche de la période des vacances de fin d’année.
Cet état des lieux s’est vu aggravé par la montée en flèche des prix du carburant, ce qui a acculé les Etats Unis à puiser 50 millions de barils de pétrole dans leurs réserves d'urgence au cours des prochains mois.
"Les consommateurs américains ressentent l'impact des prix élevés de l'essence à la pompe et dans leurs factures de chauffage domestique, et les entreprises américaines aussi, car l'offre de pétrole n'a pas suivi la demande alors que l'économie mondiale émerge de la pandémie", avait indiqué la Maison Blanche dans un communiqué.
De l’avis des experts, il faudra un certain temps avant que cette mesure ne puisse se traduire par une baisse des prix de l'essence.
Toujours dans le but de maîtriser les prix, le président américain Joe Biden avait demandé au responsable de la Commission fédérale du commerce de diligenter une enquête pour savoir si les compagnies pétrolières augmentent leurs prix de manière “illégale”.
Les écueils qui se dressent devant la pleine reprise économique dans le pays de l’Oncle Sam ne se limitent pas à cette vague inflationniste. Les perturbations des chaînes d’approvisionnement sont venues compliquer la donne à telle enseigne qu’elles se sont transformées en enjeu politique pour l’administration Biden et les démocrates à l’approche des élections de mi-mandat.
Ces problèmes persistants, qui affectent des pans entiers de l’économie américaine, risquent de compromettre les chances des démocrates lors de ces échéances prévues en 2022, a estimé la chaîne d’information CNN, relevant que cette situation présente désormais un “casse-tête” à fortes implications politiques pour la Maison Blanche.
Un autre signe de ce "malaise" est le blocage tout au long du mois d’octobre au niveau des principaux ports de Los Angeles et Long Beach de marchandises dont la valeur a été estimée à près de 24 milliards de dollars.
Pour plusieurs économistes, aucune solution immédiate aux déséquilibres sous-jacents de l'offre et de la demande dans les ports américains n'est disponible pour le moment, alors que cette problématique risque de se prolonger jusqu’en 2022.
Il s’agit-là d’un “nouveau malaise” aussi bien pour l'économie que pour les consommateurs américains, puisque les perturbations de la chaîne d'approvisionnement augmentent les coûts, retardent les expéditions et laissent les acheteurs avec moins d'options en cette période des vacances de fin d’année.
A cette litanie de problématiques s’ajoute un autre phénomène qui ne cesse de prendre de l’ampleur depuis la levée des restrictions imposées dans la foulée de la crise sanitaire: La Grande Démission.
En octobre dernier, quelque 4,2 millions d'Américains ont quitté leur emploi, notamment pour profiter des opportunités professionnelles créées au lendemain de la levée des restrictions liées à la pandémie de Covid-19.
Cette vague de démissions n'a pas épargné les PDG des compagnies dont une bonne partie ont décidé de changer de parcours ou de prendre la retraite après une période de stress causée par deux années de pandémie.
Une étude de Heidrick & Struggles, un cabinet de conseil axé sur le leadership et le façonnement de la culture d’entreprise, basée à Chicago, a fait ressortir que les PDG ne sont pas à l'abri de l'épuisement et du stress qui ont affecté des centaines de millions de travailleurs dans le monde depuis le début de la pandémie. Beaucoup d'entre eux ont envisagé un nouveau travail ou un nouveau mode de vie, rejoignant ainsi la déferlante du “Big Quit”.
A la lumière de ces problématiques, la relance de la première économie mondiale semble se faire dans la douleur et met du temps pour prendre son plein envol. Reste que de récentes prévisions de l’influente banque américaine JP Morgan sont venues calmer les esprits et raviver l’espoir d'un lendemain meilleur.
Dans une note à ses clients, l'institution financière dit s'attendre à ce que 2022 soit l’année d’une reprise “complète” de l’économie mondiale qui marquera aussi la fin de la pandémie de Covid-19. A ses yeux, l’économie mondiale sera en mesure d’effacer les dernières séquelles de la crise et permettra ainsi de retrouver les conditions normales d’avant la crise sanitaire.