Pour une enveloppe d’environ 200 milliards d’euros, la troisième puissance économique de la zone euro, dont le PIB avait reculé de près de 9 % au début de la pandémie, est la principale bénéficiaire de '’Next Generation EU’’.
Ce soutien européen, véritable stimulus de la reprise, est l'opportunité d'inverser la spirale économique négative, à condition d’engager des réformes transversales, structurelles et globales.
"Le plan italien ambitionne non seulement d’accompagner la sortie de crise, mais également de réformer en profondeur l’économie du pays. L’Exécutif doit ainsi relever un double défi de grande taille suivant une logique du diptyque investissements-réformes qui permettra de pérenniser la croissance", a déclaré à la MAP l’économiste Orso Mancini.
De la modernisation de la justice à celle de l'administration publique, une cinquantaine de textes législatifs sont prévus pour mener à bien cet immense chantier, a-t-il fait savoir, signalant que Bruxelles autorisera les versements sur la base de la mise en œuvre des investissements et des réformes décrits dans le plan, approuvé le 22 juin dernier par la Commission européenne.
S’agissant des investissements, M. Mancini a expliqué que six grandes missions sont à remplir, notamment la digitalisation, la transition énergétique, la consolidation de l’infrastructure, la promotion de la recherche et le renforcement du système sanitaire.
Le tout pour atteindre des objectifs transverses qui se déclinent en trois axes stratégiques, à savoir l’égalité des genres visant à réduire les inégalités hommes-femmes, notamment sur le marché du travail, où le taux de participation des femmes n’est que de 53,1% en Italie, contre 67,4% en moyenne en Europe, la réduction du taux de NEET (des jeunes ni en emploi, ni en études, ni en formation) et la diminution des disparités territoriales, en l’occurrence dans le sud, a détaillé l’économiste.
Mais pour que ces milliards d'euros puissent améliorer au mieux l'efficacité énergétique, les infrastructures et les équipements technologiques des hôpitaux ou encore doubler le trafic ferroviaire à grande vitesse, "la gestion du plan national de relance et de résilience -PNRR devra être rigoureuse".
Selon cet expert, tous les investissements seront contrôlés par la direction du budget du ministère des Finances, tandis que leur réalisation sera confiée aux ministères compétents.
Ils sont divisés en ‘’Targets’’, soit les objectifs en terme quantitatifs, et ‘’Milestones’’, soit les buts d'un point de vue qualitatif. La Commission européenne les examinera tous les six mois pour verser à l'Italie les ressources qui lui échoient via 10 échéances jusqu'en 2026.
Jusque-là, la péninsule semble être “un bon élève”. Au 22 septembre, soit en moins de deux mois, 13 objectifs ont été réalisés dont la simplification des appels d'offres, le refinancement des fonds pour le soutien aux entreprises exportatrices ou encore la réforme de la justice pénale.
Néanmoins, cette reprise prometteuse semble être menacée par l’arrivée du nouveau variant Omicron qui vient s’ajouter à la hausse des prix de l’énergie, pesant sur toute la zone euro. Toute perte de contrôle risque de chambouler la donne, d’où un durcissement hors pair des mesures sanitaires. A la veille des élections présidentielles, prévue en février 2022, les italiens sont également appelés à choisir le dirigeant adéquat pour poursuivre cette mission herculéenne de réformer le pays dans un contexte tendu.