Dès le début de 2021, l'UE s'est heurtée, dans son combat contre la pandémie, à un lancement laborieux des campagnes de vaccination contre le coronavirus en raison de retards de livraison de vaccins.
A mesure que s’enchaînaient les annonces des laboratoires pharmaceutiques concernant l'incapacité d'honorer leurs engagements en matière de livraison de vaccins, le doute s'installait dans la plupart des États membres quant à la possibilité de mener à bien leurs campagnes de vaccination.
La pénurie de vaccins, les problèmes d'approvisionnement et les critiques sur les achats groupés des vaccins par la Commission européenne ont ravivé les spectres du début de la pandémie, où le "chacun pour soi" a pris le dessus, sur fond de guerre des masques, de matériel médical et de gels hydroalcooliques.
L'incertitude autour des délais de livraison des vaccins a provoqué l'ire des gouvernements des États membres qui ont durci le ton face aux compagnies pharmaceutiques pour qu’elles honorent leurs engagements.
Le groupe pharmaceutique suédo-britannique AstraZeneca s’est particulièrement retrouvé dans l’œil du cyclone, avec des retards de livraison des vaccins jugés "inacceptables" par Bruxelles.
Ce bras de fer sur la livraison des vaccins a atteint son paroxysme avec l’action en justice intentée par l'UE contre AstraZeneca à qui elle reprochait d'avoir failli à ses engagements sur les livraisons de son vaccin anti-Covid.
En représailles à ces promesses non honorées du laboratoire suédo-britannique, l'UE a décidé de renforcer le contrôle des exportations des vaccins anti-Covid produits sur son sol vers des pays tiers, pointant en particulier le Royaume-Uni, auquel elle reprochait de ne pas respecter le principe de réciprocité en matière d'exportation.
Cette bataille sur l’exportation des vaccins a fait remonter à la surface les tensions entre Londres et Bruxelles qui, après un divorce houleux, ne parviennent toujours pas à entretenir des relations sereines, en dépit de l’accord qu’ils ont conclu pour fixer les modalités de leur partenariat post-Brexit.
En effet, des divergences persistent toujours entre Londres et Bruxelles dans la mise en œuvre du protocole nord-irlandais, qui vise à éviter le retour d'une frontière physique avec la République d'Irlande, afin d'empêcher la résurgence de troubles politiques dans cette région, et ce en maintenant l'Irlande du Nord dans l'union douanière et le marché commun.
Ce protocole nord-irlandais négocié dans le cadre de l’accord du Brexit est accusé par Londres comme étant à l'origine de difficultés d'approvisionnement dans la province britannique. Face à ce différend, le Royaume-Uni a exprimé sa disposition à déclencher l'article 16 qui permet de suspendre certaines dispositions dudit protocole.
L'UE, par le biais du vice-président de la Commission européenne, Maros Sefcovic, a averti contre les "graves conséquences" qu'entraînerait une suspension du protocole nord-irlandais pour les relations entre l'UE et le Royaume-Uni.
Le responsable européen a insisté que le fait de déclencher l'article 16 dudit protocole qui permet d'en suspendre certaines dispositions "signifierait un rejet des efforts de l'UE pour trouver une solution consensuelle à la mise en œuvre du protocole".
Le contentieux entre Paris et Londres sur l’octroi des licences de pêche a également assombri les relations post-Brexit entre l’UE et le Royaume-Uni qui peinent à trouver un terrain d’entente sur nombre de questions cruciales.
Au volet économique, l’année qui s’achève a été marquée par une hausse record de l’inflation dans l'UE, portée notamment par la flambée des prix de l’énergie.
L’envolée des tarifs du gaz et de l'électricité sur le marché européen a fait monter l'inquiétude des gouvernements nationaux et de Bruxelles à l’approche de la saison hivernale.
Cette hausse record consécutive à la reprise économique post-Covid a incité les pays de l'UE à réagir rapidement pour réduire les factures des consommateurs et aider les plus vulnérables alors que le spectre de la précarité énergétique plane sur de nombreux ménages européens.
La Commission européenne a de même dévoilé une panoplie de mesures visant à faire face à la hausse exceptionnelle des prix mondiaux de l'énergie et à venir en aide aux citoyens et aux entreprises dans l'UE.
Il s’agit de mesures à court terme comprenant une aide d'urgence au revenu des ménages, des aides d'État en faveur des entreprises et des réductions fiscales ciblées.
A moyen et à long termes, l’exécutif européen mise sur la transition vers une énergie propre pour se prémunir à l’avenir contre toute crise énergétique et avoir la meilleure assurance contre les chocs sur les prix.
Dossier épineux pour l’UE, l’immigration est également revenue sur le devant de la scène en 2021 avec en toile de fond le bras de fer avec le régime du dirigeant biélorusse Alexandre Loukachenko, accusé de provoquer un afflux de migrants aux frontières extérieures de l'Union européenne, dans le but de faire pression sur le bloc communautaire qui lui a imposé des sanctions après sa réélection en août 2020.
L'UE, dénonçant une "attaque hybride" de la part du régime d'Alexandre Loukachenko, a décidé de durcir les sanctions contre la Biélorussie et de cibler les personnes et organisations impliquées dans cette crise migratoire.
S'agissant de l'appel lancé par une douzaine de pays européens, dont la Lituanie et l'Autriche, à l'Union européenne pour qu'elle finance les États membres frontaliers désireux d'ériger des murs et des barbelés dans le but de protéger leurs frontières, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a réitéré que l'UE pouvait fournir des financements pour la gestion des frontières, les équipements ou les infrastructures, mais il y a un accord de longue date de la Commission et du Parlement européen pour ne pas financer de murs ou de barbelés.
Confrontée en 2020 à des défis d'envergure sur les plans sanitaire, politique, économique et social, l'Union européenne continuera en 2022 à tenter de préserver sa cohésion mise à rude épreuve par une succession de crises et par des divergences accrues entre ses États membres.