Les signes précurseurs du revers électoral pour le gouvernement du centre-gauche peroniste, conduit par le président Alberto Fernandez, ont été visibles bien avant les primaires de septembre qui avaient donné un avantage de 10 points à l’opposition de droite dans tout le pays.
L’avancée de la coalition de l’ancien président Mauricio Macri (2015-2019) a été confirmée deux mois plus tard, en novembre, à l’occasion des législatives de mi-mandat, malgré le sursaut de la majorité qui n’avait pas réussi à convaincre la majorité des électeurs de changer leur avis sur les performances du gouvernement.
Une majorité des Argentins semble avoir sanctionné la gestion de la pandémie du coronavirus par le gouvernement. La principale conséquence de cette gestion a été le creusement du fossé de la pauvreté qui touche désormais 42% des citoyens. La dégradation du niveau de la classe moyenne inférieure, qui a toujours été le bastion électoral du péronisme depuis les années 40 du siècle passé, a fini par la détourner de la coalition au pouvoir.
Résultat : une majorité désemparée qui étale ses divergences au grand jour et le feu ami visant l’entourage du président auquel on reproche qu’il est responsable de la débâcle électorale.
Pendant ce temps, l’opposition de droite a eu le triomphe modeste, malgré son succès de mettre fin à une suprématie de quatre décennies du péronisme au Sénat.
Ses leaders ont plutôt les regards braqués sur les élections présidentielles de 2023 pour revenir au pouvoir et effacer la déroute électorale de 2019 qui avait vu la droite sortir par la petite porte après seulement quatre années peu glorieuses.
L’inclinaison à droite des électeurs argentins a été plus marquée avec les 17% de votes à Buenos Aires obtenus par un candidat d’extrême-droite, excentrique, qui a fait irruption sur la scène politique avec des propositions ultra-libérales et contre le système en place.
Au plan économique, l’année 2021 aura été celle d’une autre inflexion. C’est la première fois, depuis au moins 15 ans que ce pays d’Amérique du sud aux potentialités économiques immenses, montre clairement des signes de défaut de paiement de dette.
Cette année-là, a été jalonnée d’un feuilleton interminable des négociations avec le Fonds monétaire international (FMI) pour restructurer une dette inédite et impayable, de l’aveu même du gouvernement, de 45 milliards de dollars.
La position du gouvernement tient en deux points. Un, ce montant faramineux n’aurait jamais dû être octroyé au précédent gouvernement qui a hypothéqué l’avenir du pays. Deux, son remboursement nécessite un rééchelonnement sur une longue période afin que l’Argentine puisse s’acquitter de sa dette, tout en poursuivant ses programmes de développement.
Toutefois, la directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva, a douché récemment les espoirs du gouvernement de parvenir à un accord rapidement afin de récupérer la confiance des marchés et stabiliser un taux de parité dollar/peso devenu incontrôlable.
Elle a notamment affirmé qu’il reste beaucoup à faire » au sujet de la dette de ce pays avec le FMI, laissant entendre qu’un accord satisfaisant n’était pas pour demain et que l’Argentine est appelée à présenter un programme pluriannuel de contrôle budgétaire qui ait le satisfecit du FMI.
L’intransigeance du FMI, d’une part, et la fermeté du gouvernement argentin de garder le cap du développement économique promis à ses citoyens, de l’autre, rendent évident que le feuilleton des négociations va se poursuivre en 2022.
Dans ce contexte d’incertitudes, les défis d’avenir pour l’Argentine seront pluriels et interconnectés. La clé de la réussite réside dans une forte reprise économique post-pandémie et une augmentation des exportations agro-industrielles qui rapporteraient les devises suffisantes pour payer la dette, stabiliser le taux de change, faire cesser l’émission monétaire et calmer les ardeurs d’une l’inflation devenu un cauchemar pour les Argentins.