C’est au sein du Centre de formation des femmes de Berkane, qu’elle dirige depuis sa création en 2017, que Ghizlane met en pratique ses convictions sur l’importance d’autonomiser les femmes, notamment celles issues de milieux défavorisés, au bénéfice de ces femmes mais aussi de la société tout entière.
Le centre, fruit d’un partenariat entre notamment la délégation provinciale de la Jeunesse et des sports, l’Initiative nationale pour le développement humain (INDH), l’Entraide nationale, le Conseil de la région de l’Oriental, l’Agence de l’Oriental, la préfecture de la province de Berkane et le conseil provincial, offre des formations dans plusieurs disciplines ouvrant la voie vers le marché de l’emploi et l’entreprenariat.
L’idée du projet a été portée par l’association Gazelle pour le développement que préside Mme Tahraoui. Après avoir convaincu les partenaires de l’importance et de l’utilité de ce projet, elle a pu œuvrer de manière concrète pour améliorer les conditions de centaines de femmes et de filles en situation de décrochage scolaire.
«Le but est de qualifier ces femmes et filles à travers des formations diplômantes d’une durée d’une année, qui leur permettent d’accéder au marché de l’emploi. Cette année, nous avons comme formations la coiffure et esthétique, la couture moderne et traditionnelle, la décoration, la cuisine et la pâtisserie, l’informatique ainsi que les langues», précise-t-elle dans un entretien accordé à la MAP.
Le centre accorde aussi un grand intérêt au développement des Soft Skills, un axe primordial pour Ghizlane Tahraoui qui veut renforcer la confiance des bénéficiaires en elles-mêmes, en développant leurs compétences non professionnelles et en les encourageant à adopter un comportement positif et à prendre l’initiative pour améliorer leurs vies.
«Mon expérience dans ce domaine m’a apprise que l’autonomisation économique ne suffit pas à elle seule. Elle doit s’accompagner par ce que j’appelle l’autonomisation personnelle, qui ne peut être atteinte qu’en restaurant la confiance de ces femmes en elles-mêmes et en leur capacité à trouver de l’emploi ou même à en créer, en lançant leurs propres petites entreprises», dit-elle.
C’est justement le principal axe sur lequel travaille l’association Gazelle pour le développement. Créée en 2017 pour porter le projet du Centre de formation pour les femmes, l’association n’en est pas restée là, et a mené depuis plusieurs autres projets relatifs à l’amélioration de la situation des femmes que ce soit au niveau économique et social ou en matière de soutien psychologique et de renforcement des compétences.
Pour cela, l’association s’est engagée dans plusieurs partenariats avec la société civile, les institutions publiques et les bailleurs de fonds nationaux et internationaux, notamment l’Union européenne et la coopération belge.
Parmi les projets pilotes sur lesquels Ghizlane et son équipe ont travaillé, figure «Altamkeen pour le service social à Berkane», mis en œuvre dans le cadre du programme «Moucharaka Mouwatina» financé par l’Union européenne, avec pour finalité la promotion de l’autonomisation des femmes.
Le projet, qui a été mené pendant plus de neuf mois, a bénéficié à plus de 2.000 femmes et filles qui ont pu profiter de formations, séances de coaching et campagnes de sensibilisation sur le terrain menées en dépit des contraintes liées à la pandémie du nouveau coronavirus.
Mais Ghizlane Tahraoui n’ignore pas toutefois l’importance de collaborer aussi avec les hommes pour améliorer les conditions des femmes. «On ne peut travailler sur des questions comme la violence à l’égard des femmes ou les inégalités entre les sexes sans associer les hommes. C’est pour cela que nous menons aussi des campagnes de sensibilisation et des initiatives ciblant la gent masculine, dans le but de changer les mentalités et faire des hommes les partenaires du processus d’autonomisation des femmes», explique-t-elle.
Revenant sur ses débuts dans l’action associative, Mme Tahraoui n’oublie pas de rendre hommage à Fatna Chérif, présidente de la section de l'Union nationale des femmes du Maroc à Oujda et grande figure du volontariat dans la région de l’Oriental, qui l’a initiée au travail associatif à travers plusieurs projets sociaux.
En 2012, Ghizlane quittera l’UNFM pour voler de ses propres ailes et fonder un nouveau cadre associatif qui collaborera pendant deux ans avec l’INDH sur un projet social lié à l’artisanat. Le temps de mûrir l’idée de son projet de Centre pour la formation des femmes.
Son principal motif de fierté ? Beaucoup des bénéficiaires des formations de ce centre ont aujourd’hui ouvert leurs propres TPE et créent des emplois et de la valeur ajoutée. Preuve, s’il en faut, que l’autonomisation des femmes est un combat qui mérite d’être mené.