Vétéran du théâtre dans les provinces du Sud, Mme Charradi a entamé son premier pas dans ce domaine en 1977, à l’école "Hafsa Bent Omar" à Tan-Tan et dès son retour à Dakhla en 1982, elle créa le groupe "Oued Eddahab du théâtre et des arts", où elle a interprété avec brio une pléthore de pièces théâtrales.
Depuis lors, elle a décidé de suspendre sa carrière d'actrice de théâtre et de se consacrer cœur et corps à l’action associative, un rêve qu’elle caressait depuis des années, tout en restant attachée à l'art dramatique.
Passionnée innée du théâtre, elle a créé en 2008 le groupe "Noor du théâtre et des arts" et animé des pièces théâtrales dans plusieurs villes du Royaume, d’autant plus qu’elle a adhéré à la section du syndicat marocain des professionnels des arts dramatiques dans la région de Dakhla Oued Eddahab en 2014.
Parallèlement à son amour pour "le père des Arts", Mme Charradi a pris part à des soirées artistiques portant sur la poésie du Tebraa (un récital de poésie créé et chanté par la femme hassanie).
Mariée et mère de cinq enfants, Mme Charradi confie dans un entretien accordé à la MAP, à l’occasion de la journée mondiale de la femme que son implication dans la vie associative remonte à 2004, en présidant l’association féminine du développement durable qui s’assigne pour objectif de contribuer à la promotion des droits socio-économiques, culturels et politiques de la gente féminine.
Avec tant de fierté et d’enthousiasme, elle cite les actions entreprises par cette association au profit de la femme et qui portent particulièrement sur la sensibilisation en matière de santé et d’éducation et d’alphabétisation.
Et parce que la cause de la femme lui tient à cœur, Mme Charradi qui est membre de la commission régionale des droits de l’Homme (CRDH) de Dakhla-Oued Eddahab, dirige également le Centre d'écoute et d'orientation des femmes victimes de violence depuis 2005, destinée à accueillir et prendre en charge les personnes victimes d’agressions physiques, sexuelles ou psychologiques, d’autant plus qu’elle est devenue à partir de 2010, membre de la cellule féminine des femmes et filles victimes de violence au tribunal de première instance à Dakhla.
"Soucieuse d’affûter mon expérience associative et en matière des droits de l’Homme, j’ai pris part à nombre de rencontres au Maroc et à l’étranger, en l’occurrence ma double participation au programme du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (UNHCR) au Portugal et au Forum social mondial (Tunis), ainsi que la première et deuxième édition du forum sur le plaidoyer civil pour la marocanité du Sahara (Marrakech)", a-t-elle renchéri.
Mme Charradi a aussi bénéficié d’une série de formations au sein du Conseil national des droits de l’Homme, de l’Institut international de Genève et de l’Institut républicain international (IRI), ce qui lui a permis d’avoir un large éventail de connaissances sur l’approche genre, les mécanismes de démocratie participative et les techniques de communication et le leadership féminin, ainsi que les techniques et mécanismes de plaidoyer.
Aux côtés de ses activités associatives, elle est aussi présidente de la coopérative féminine pour la production et la commercialisation du couscous khoumassi, depuis 2012. Fondée par 7 femmes rurales, la coopérative a été créée grâce à l’Initiative nationale pour le développement humain (INDH) avec le soutien du plan Maroc vert.
La récipiendaire du prix d’excellence pour la catégorie "produits à base de céréales" trois années successives (2016, 2017 et 2018) au Salon international de l'agriculture au Maroc (SIAM), estime que "c’est une consécration pour la coopérative qui aujourd’hui confirme son savoir-faire et son sérieux", notant que cette structure a contribué à assurer un revenu stable aux femmes qui en sont membres.
Les produits du terroir occupent aujourd’hui une place importante dans l’économie sociale et solidaire locale de la région, avec notamment la création d’une dizaine de coopératives ayant pour finalité d’assurer l’autonomisation économique des femmes et de lutter contre la précarité sociale, a-t-elle expliqué.
Drapée dans son habit traditionnel sahraoui, Fatma El Ghalia Charradi a eu l’honneur de participer aux grandes expositions internationales notamment en France, Italie, Suisse et en Espagne.
Interrogée sur les personnes qui l’ont soutenue dans son parcours professionnel, elle a estimé que le soutien des proches est très crucial, mais "il n’est pas plus important que la détermination".
Pour elle, la célébration de la journée mondiale de la femme est une occasion de faire le bilan sur la situation de la femme, fêter ses victoires, mettre en relief ses acquis et faire entendre ses revendications, afin d’améliorer davantage ses conditions de vie.
Elle a estimé que le 8 mars est une occasion d’entendre la voix des femmes, de dresser le bilan des réalisations accomplies et fêter les succes-stories de la gente féminine.
De l’avis de Mme Charradi, la femme sahraouie s’est imposée avec brio dans divers domaines et occupe désormais une place toute particulière grâce à ses efforts personnels, à sa persévérance et à la faveur du statut privilégié dont elle jouit au sein de la société locale.