Les sondages nationaux sont, en effet, un indicateur peu fiable des résultats réels d’une élection américaine. Souvenez-vous, en 2016, Hillary Clinton devait remporter une victoire facile face à l’improbable Trump. La répétition de ce même scénario donne des sueurs froides aux démocrates qui promettent que cette fois, la situation est bien différente d’il y a quatre ans.
Leur optimisme, les partisans de Biden le tirent d’une pluie de récents sondages dans la poignée d’Etats pivots qui vont décider cette présidentielle.
En observant la carte électorale, on se rend rapidement compte que Biden part en favori, grâce, d’une part, à son avance confortable dans les Etats dits "bleus" (démocrates), comme la Californie, New York ou le Massachusetts, et, de l’autre, son offensive dans les Etats rouges (républicains), comme la Géorgie et la Caroline du Nord, où il est au coude à coude avec Trump.
Pour remporter la victoire finale, l’ancien vice-président doit d’abord regagner les trois Etats que Trump avait chipé au nez et à la barbe d’Hillary Clinton en 2016, à savoir le Wisconsin, le Michigan et, surtout, la Pennsylvanie. Si ces trois Etats reviennent dans le giron démocrate mardi, il sera déjà très compliqué pour Trump d’atteindre le seuil fatidique des 270 grands électeurs à même de lui assurer un second mandat
Selon les derniers sondages publiés dans les ultimes jours de la campagne électorale, Biden devrait facilement gagner au Wisconsin, avec une avance considérable de 11% selon une enquête du New York Times/Siena College publiée dimanche. Au Michigan, le candidat démocrate est accrédité de 7% d’avance, tandis qu’en Pennsylvanie, rien n’est joué puisque l’écart n’est que de 5%, soit à peine un peu plus que la marge d’erreur du sondage.
D’où l’intérêt démesuré de cet Etat qui s’est accaparé l’attention des deux prétendants à la Maison Blanche. Ces derniers y ont tenu plus de rassemblements de campagne que nulle autre partie du pays.
"Si nous gagnons en Pennsylvanie, c’est fini", a répété Trump à ses partisans samedi à Reading.
Emboitant le pas à son adversaire, Biden a organisé deux rallyes dimanche à Philadelphie. La plus grande ville de Pennsylvanie et sa banlieue sont essentielles pour assurer la victoire à l’ancien vice-président.
De son côté, sa colistière Kamala Harris a prévu des escales en Caroline du Nord et en Géorgie, deux Etats traditionnellement républicains qui sont pourtant à portée de main cette année pour Biden.
Selon la moyenne FiveThirtyEight, l'ancien vice-président de Barack Obama devance son rival de 2% dans ces deux Etats où le candidat républicain n’a pas droit à l’erreur. Une victoire démocrate dans l'un de ces Etats serait synonyme de coup de grâce.
Mais tout n’est pas perdu pour Trump, dont les partisans ont pu se consoler samedi avec un sondage de Des Moines Register/Mediacom qui donne au candidat républicain un avantage de 7% en Iowa, un Etat du Midwest qu’il avait facilement remporté en 2016.
Trump peut aussi compter sur un autre facteur, la participation électorale. Sur les plus de 90 millions d’Américains ayant déjà voté, la plupart sont des démocrates, ce qui laisse présager que la majorité des électeurs restants sont des pro-Trump qui pourraient faire basculer l’élection à la dernière minute.
Le président américain a pu également mettre en avant, au cours des derniers jours de campagne, l’un de ses points forts: l’économie. A la veille du scrutin, le PIB a enregistré une spectaculaire reprise de 33,1% au cours du troisième trimestre, ce dont n’a pas tardé à se targuer le locataire de la Maison Blanche.
Reste que la voie vers une victoire parait plus compliquée pour le président sortant, car non seulement doit-il absolument gagner en Floride, au Texas, en Géorgie, en Caroline du Nord, en Iowa et en Ohio, mais il lui faut aussi tenter de ravir la Pennsylvanie ou le Michigan aux démocrates. Dans ce jeu de probabilités, l’avantage est du côté de Biden, pour le moment.