Par Abdallah KITTOU.
Le président péruvien, Martin Vizcarra n'arrêtait pas de miroiter le "vote de confiance" devant le Congrès, qui était dominé par l'opposition, chaque fois que la confrontation entre les pouvoirs exécutif et législatif s'intensifiait, un bras de fer qui a culminé le 30 septembre avec la décision de dissoudre le Congrès et la convocation de nouvelles élections législatives, dans une tentative de mettre fin à une crise politique qui perdure depuis 2016, date des dernières élections générales dans le pays sud-américain.
Le président a estimé que la décision de dissoudre le Congrès est "constitutionnelle" et que la loi fondamentale du pays lui habilite à prendre la décision de "mettre fin au siège politique qui a empêché le Pérou de se développer". Selon M. Vizcarra, cette mesure exceptionnelle donnera aux citoyens l'occasion de s'exprimer et de participer à la construction de l'avenir du Pérou.
La décision du président de dissoudre le Congrès est intervenue après que le Congrès ait élu un nouveau membre de la Cour constitutionnelle, tout en négligeant le vote de confiance, présenté par le gouvernement pour tenter d'arrêter la série d'élections des membres de la plus haute instance judiciaire du pays.
La veille de la présentation de cette requête, M. Vizcarra avait déclaré qu'il n'hésiterait pas à agir selon les préceptes de la constitution et à dissoudre le Congrès, si ce dernier ne tenait pas compte du vote de confiance et poursuivait le processus d'élection des membres de la Cour constitutionnelle.
Malgré les protestations de certains législateurs de gauche et libéraux, le président du Congrès péruvien, Pedro Olaechea, a entamé le processus d'élection des membres de la Cour constitutionnelle en nommant un nouveau magistrat au sein de la plus haute instance judiciaire, une démarche qui a été invalidé après l'annonce par le président du pays de la dissolution du Congrès.
Avant d'atteindre le point de non retour, le président avait proposé d'avancer la date des élections présidentielles et législatives et de les tenir en 2020 au lieu de 2021 comme prévu initialement, une proposition qui avait attisé la crise politique dans le pays.
Pour M. Vizcarra, la date des élections générales et le sens de la participation du peuple à la formation d'un nouveau parlement et l'élection d'un nouveau président pour le pays sont le seul et unique moyen et une solution viable pour mettre fin à la crise politique qui ravage le pays depuis plus de trois ans.
La scène politique au Pérou est basée sur l'exclusion des positions, propositions et même de l'adversaire. Le gouvernement et ses alliés d'une part, ainsi que l'opposition et ses satellites de l'autre, tout le monde essaie de nuire à l'autre côté et pourquoi pas le vaincre et démontrer en public le mal fondé de ses décisions et ses choix. Ainsi, la crise a culminé avec la dissolution du Congrès et l'annonce de la tenue de nouvelles élections législatives le 26 janvier 2020.
Les partis qui ont annoncé leur participation à ces élections parient sur des visages politiques connus et nouveaux, tout en essayant de s'unir sous le slogan de la lutte contre la corruption, une malédiction qui hante la classe politique péruvienne.
La fin de l'année a été marquée par l'annonce de la relaxe de la cheffe du parti Force Populaire et leader de l'opposition, Keiko Fujimori, après près d'un an de détention provisoire sur fond des enquêtes pour corruption en relation avec l'opération "Lava Jato".
Mme Fujimori a retrouvé sa liberté grâce à une décision de la Cour constitutionnelle qui a suscité une controverse générale, en particulier celle de ses opposants.
La fille de l'ancien président Alberto Fujimori (80 ans), qui purge une peine de 25 ans d'emprisonnement pour avoir été reconnu coupable de crimes contre l'humanité pendant son mandat présidentiel, est accusé de blanchiment d'argent, de recevoir des fonds pour financer illégalement ses deux campagnes électorales de la part de donateurs dont l'entreprise de construction brésilienne "Odebrecht", au centre d'un scandale politico-financier continental.
Néanmoins, les affaires de corruption sont la malédiction de la classe politique au Pérou. L'ancien président Alejandro Toledo est en détention provisoire aux États-Unis jusqu'à l'examen de sa demande d'extradition vers son pays présentée par les autorités péruviennes. Il aurait reçu un pot-de-vin de 20 millions de dollars d'Odebrecht.
Son ancien ministre et successeur, Pedro Pablo Kuczynski, 81 ans, a été placé par le Pouvoir judiciaire en résidence surveillée en raison de la détérioration de son état de santé jusqu'à la fin de son enquête en raison de ses liens avec la même entreprise.
Quant à l'autre ancien président, Alan Garcia, il a été l'auteur, malgré lui, d'un chapitre spécial de l'histoire de la politique péruvienne en mettant fin à sa vie avec une balle de son propre revolver en avril dernier, mettant ainsi un terme à une série de persécutions et d'accusations de corruption.
Sur le plan économique, le Fonds monétaire international (FMI) a réduit ses prévisions de croissance économique du Pérou à 2,5% cette année, contre 2,6% en octobre dernier, et à 3,2% en 2020, après des estimations antérieures de 3,6%, et a mis en garde contre l'incertitude politique régionale et commerciale persistante.
Le FMI a estimé que l'incertitude et les tensions commerciales pourraient compromettre les perspectives de croissance des principaux partenaires commerciaux du Pérou, ce qui réduirait le volume des exportations et les prix des matières premières et agricoles.
De son côté, le gouvernement péruvien s'attend à une croissance du PIB de 3% cette année, contre les 4,2% qu'il avait prévu au début de l'année.
En sport, l'année 2019 a été notamment marquée par l'organisation du Rallye Dakar, des Jeux Panaméricains et de la finale de la Copa Libertadores.