Au cours des deux dernières décennies, les deux pays, sous le leadership de Sa Majesté le Roi Mohammed VI et du président Recep Tayyip Erdogan, ont pu renforcer leurs relations à travers plusieurs accords diplomatiques et commerciaux, et en accumulant de l'expertise et de l’expérience dans de nombreux secteurs vitaux et complémentaires en vue d’établir une coopération forte et de créer une dynamique régionale ambitieuse et renouvelée pour les deux pays.
Le Maroc, grâce à son leadership régional et à sa position stratégique, et la Turquie, une puissance économique avec un poids régional en constante évolution, peuvent créer une dynamique économique efficace et prometteuse en accédant à de nouveaux marchés notamment en Afrique et en Asie.
Cette tendance vers le renforcement de la coopération économique bilatérale trouve son socle dans les relations politiques liant les deux pays, qui reposent essentiellement sur le soutien réciproque de l’intégrité territoriale et le rejet de toutes les velléités séparatistes qui visent la souveraineté de chacun des deux pays.
Dans ce contexte, la Turquie a réaffirmé en décembre dernier, par la voix de son ministre des Affaires étrangères Mevlut Çavusoglu, son "plein soutien" à l'intégrité territoriale du Royaume et son attachement à sa stabilité, notant que le Royaume joue un rôle important dans le monde islamique, le continent africain et la région méditerranéenne.
La coopération bilatérale peut, de l’avis de plusieurs experts, franchir un nouveau palier si les deux pays explorent de nouvelles possibilités de diversification de la coopération et privilégient l’investissement bilatéral aux échanges commerciaux, en raison notamment du déséquilibre de la balance commerciale en faveur de la Turquie.
Ce déséquilibre est du, selon les observateurs, à la similitude de certains secteurs de production dans les deux pays, comme ceux du textile, du cuir, de la construction et des travaux publics, outre les réseaux de distribution, et il peut être corrigé si la Turquie investissait dans de nouveaux secteurs au Maroc comme l’industrie pharmaceutique, les services bancaires ou les assurances, outre la mise en place de plateformes d’investissement communes.
L’environnement économique du Royaume se caractérise par des infrastructures de qualité et des ressources humaines hautement qualifiées, qui le prédisposent à recevoir de nouveaux investissements turcs et à devenir une plateforme pour la commercialisation des produits turcs vers les pays d’Afrique, et ainsi explorer conjointement de nouveaux marchés et ne pas se contenter du commerce bilatéral, soulignent des spécialistes des relations maroco-turques.
Dans ce contexte, l'année écoulée a été marquée par la tenue de plusieurs rencontres politiques et économiques, que ce soit au Maroc ou en Turquie, ainsi que la participation de délégations marocaines et turques à de nombreux forums et conférences internationales.
Dans ce sens, le chef de la diplomatie turque, Mevlüt Çavuşoglu, avait affirmé, en décembre dernier lors d'une conférence de presse conjointe après des entretiens avec le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l'étranger, M. Nasser Bourita, que les deux pays sont convaincus de la nécessité de « continuer à travailler ensemble pour améliorer davantage les relations bilatérales dans de nombreux domaines », exprimant l’espoir de voir les échanges commerciaux bilatéraux s'équilibrer dans un avenir proche.
M. Bourita avait, pour sa part, indiqué que les entretiens ont également été l'occasion de discuter du développement de la coopération et des moyens d'aplanir certains obstacles commerciaux, qui créent des problèmes au niveau du partenariat bilatéral.
Dans le cadre de la cinquième session du Comité mixte en charge du suivi de la mise en œuvre de l’accord de libre-échange, tenue en janvier dernier à Rabat, les deux pays ont convenu de revoir leur accord de libre-échange afin de le rendre « plus équilibré et plus qualitatif ».
Lors de cette réunion, présidée par le ministre de l’Industrie, du Commerce et de l’Économie Verte et Numérique, Moulay Hafid Elalamy et la ministre turque du Commerce, Ruhsar Pekcan, les deux pays ont convenu de faire progresser le commerce bilatéral à un niveau plus équilibré et d'encourager les investisseurs turcs à investir au Maroc dans l'industrie de production, tout en encourageant les exportations marocaines vers la Turquie.
M. Elalamy a rappelé dans ce sens que, depuis l’entrée en vigueur de l’accord de libre-échange en 2006, le taux de croissance moyen des échanges commerciaux entre les deux pays a atteint 14%, soulignant que les importations marocaines de Turquie ont atteint 21,5 milliards de dirhams en 2018, tandis que les exportations marocaines vers la Turquie n’ont pas dépassé 5,54 milliards de dirhams, creusant le déficit commercial marocain avec la Turquie à 16 milliards de dirhams.
La ministre turque du Commerce avait souligné, de son côté, que le Maroc est un partenaire important de la Turquie, tout en mettant en relief la dynamique de l’économie marocaine ainsi que la position géographique du Royaume en tant que porte d’entrée vers l’Afrique, outre le grand potentiel d’investissement offert par le Maroc.
Les travaux du 14ème Forum de coopération économique turco-arabe, tenu du 19 au 22 novembre dernier, avaient été marqués par la participation d’une importante délégation d’hommes d’affaires marocains qui ont présenté les opportunités d’investissement dans les différentes régions du Royaume et exposé les mesures incitatives offertes aux investisseurs désirant s’installer au Maroc.
La volonté d'insuffler davantage d’élan aux relations bilatérales est illustré par les multiples visites de responsables marocains en Turquie pour participer à différentes conférences, qui constituent l'occasion de mettre en avant l'expérience marocaine dans divers domaines, comme par exemple, la participation du ministre de l'Industrie, du Commerce et de l'économie verte et numérique en novembre dernier à la 35e session du Comité permanent de coopération économique et commerciale de l’Organisation de la coopération islamique (COMCEC), et la participation durant le même mois du Médiateur du Royaume, M. Mohamed Benalilou, à la deuxième conférence internationale des médiateurs.
Le ministre de l’Économie, des Finances et de la Réforme de l’Administration, M. Mohamed Benchaaboun, avait également pris part, en décembre dernier, à la Conférence de haut niveau sur les investissements public et privé de l'Organisation de la coopération islamique (OCI), et la Ministre de la Solidarité, du Développement social, de l’Égalité et de la Famille, Mme Jamila El Moussali, avait participé le même mois à la première session de la Conférence ministérielle sur le développement social dans les pays de l’OCI.